Le témoignage de Chab
Avant…
Mes plus vieux souvenirs concernant l’anxiété datent de mes 10 ans plus ou moins je pense. J’ai commencé à cette date-là, à faire régulièrement des chutes de tension. Je devais sortir de classe tellement je me sentais mal, je me suis plusieurs fois écroulée dans un bus dû à la chaleur. À mes premières sorties, la ville me faisait peur, la nuit aussi, et je me suis aussi déjà retrouvée avec les amis qui me soulevaient les jambes pour m’aider à aller mieux. Tout ça est traumatisant.
Aujourd’hui, j’ai compris que ces chutes de tension n’étaient en fait que la conséquence d’une croissance trop rapide ! Mais en attendant tous ces épisodes de ma vie m’ont marquée car j’ai toujours gardé (encore aujourd’hui) cette peur de tomber dans les pommes. Cette sensation est juste hyper désagréable. On commence à se sentir très mal, on a des sueurs froides, des sueurs chaudes, puis on commence à avoir des taches noires devant la vue, puis on ne voit quasi plus rien. On transpire, on devient tout blanc puis on tombe à terre. Les symptômes sont très proches de la crise de panique, et donc aujourd’hui je garde toujours cette peur de tomber…
Ma jeunesse a donc été très contrôlée. J’ai pas mal profité, je suis beaucoup sortie, mais toujours avec du stress. En soirée, je guettais toujours la porte de sortie, aux études, je me mettais seule dans le fond (près de la sortie) ou alors, je n’allais pas aux cours. J’ai déjà fait aussi des files pour rentrer dans un endroit de sortie, et je finissais par en ressortir en pleurant tellement que je m’y étais sentie mal…
Mais je ne m’en suis jamais plaint. J’étais triste des fois mais je faisais avec. Je savais que c’était mes faiblesses, et j’acceptais. Je continuais à faire ce que j’avais à faire, je les faisais des fois très vite avec un haut degré d’anxiété mais je le faisais et je refusais d’arrêter de vivre…
J’ai donc fait 6 années d’étude, seule dans une ville que je ne connaissais pas. J’ai vécu en appartement ou en colocation où je devais apprendre à faire ma propre vie, faire les courses etc. Et je le faisais…
Les choses, par contre, qui ne m’ont pas quittée depuis longtemps, c’est ma claustrophobie (Je ne prends plus l’ascenseur depuis au moins 10 ans, impossible pour moi) et ma timidité.
La timidité qui d’ailleurs n’arrange pas les choses car si j’ai peur, je n’ose pas m’exprimer, et je garde donc tout pour moi. Ce qui n’aide vraiment pas…
Il y a 2 ans…
Puis il y a eu CETTE crise de panique il y a 2 ans, dans un salon de coiffure. En pleine coloration, je me suis sentie tellement mal, que j’ai dû m’allonger à terre devant tout le monde !
Puis ensuite, chez nous, en pleine nuit, je me suis réveillée en me sentant si mal. Je pensais que j’allais mourir tellement j’étais mal. Je me suis levée tant bien que mal pour m’écrouler dans le couloir. Me coucher par terre, comme d’habitude, pour aller mieux. Je demandais à mon copain de m’aider, de m’apporter une boisson sucrée. Je ressentais un profond mal être, une envie de vomir, je transpirais et j’avais très froid. Puis avec le froid du carrelage, j’ai fini par me sentir mieux. Mais après cet épisode, plus moyen de me sentir bien nulle part.
Au boulot, j’étais mal. Chez des amis, j’étais mal. Faire les courses, j’étais mal. Recevoir des gens chez nous m’était devenu impossible, même téléphoner à quelqu’un (le fait de me sentir bloquée au téléphone m’était difficile). Et le plus dur, c’était que je n’arrivais même plus à rester seule chez moi !
J’ai continué à vivre ma vie mais tant bien que mal. Je prenais sur moi pour aller au boulot, et surtout pour y rester la journée. Je prenais sur moi pour simplement aller rendre visite à ma famille, dans des maisons où j’ai vécu où j’avais encore ma chambre mais où même là je m’y sentais mal. Puis à force de prendre sur moi, j’ai commencé à avoir des migraines qui duraient des jours et des jours, des maux de ventre, les oreilles bouchées où je m’entendais parler quand je parlais… C’était horrible.
Puis après une Xième crise, je suis tombée sur DTA. Et ce site m’a fait beaucoup du bien ! J’ai dévoré les articles du site tellement cela me faisait du bien ! Je m’y retrouvais complètement et je comprenais enfin tout ce qui m’était arrivé. Ce jour, j’ai donc compris qu’on pouvait se débarrasser de l’agoraphobie, et j’ai donc décidé de mettre toutes les chances de mon côté et de me battre en respectant les conseils donnés sur le site.
J’ai donc préparé une liste de désensibilisation, et je me suis lancée dans le combat. D’abord avec les courses accompagnée de mon copain, puis les courses seule, puis les sorties chez des amis, puis de nouveau les invitations chez nous (tout un temps, je ne savais plus recevoir), les trajets en voiture de plus en plus loin… Mon parcours n’a pas été linéaire, y a eu des hauts et des bas. Beaucoup de bas au début (faut réussir à affronter nos peurs) mais aujourd’hui, je suis la plus heureuse. Et je le sais que je le dois à DTA.
Aujourd’hui…
Aujourd’hui, je suis redevenue autonome.
Je vais tous les jours au boulot sans stress (enfin j’évite le week-end :) ).
Je fais 2h de sport seule par semaine. 1h de tennis et 1h de Zumba.
On reçoit des amis régulièrement et j’adore ça !
Je peux prendre la voiture seule pour aller voir mes copines à 150 km de chez moi. C’est-à-dire prendre l’autoroute, affronter la circulation etc.
Demain une copine me rejoint pour faire la fête avec moi dans ma ville. Fête qui rassemble 200.000 personnes sur un long week-end !
Les magasins, je les fais sans aucun souci ! D’ailleurs les courses, pour lesquelles j’ai tant travaillé et qui me faisaient si peur, ben maintenant je les fais quasi tous les jours, seule et avec plaisir !
Au boulot, je m’affirme ! J’ai demandé une augmentation il y a peu (qui a été acceptée) et je n’hésite pas à trouver mon responsable si j’estime avoir trop de boulot.
Je reste toujours quelqu’un de timide, mais cela ne m’empêche plus d’aller aux pauses prévues avec les collègues. Et ces pauses me font le plus grand bien ! Souvent un bon moment pour décompresser. On y rigole beaucoup.
Bon tout n’est toujours pas réglé, je ne prends toujours pas l’ascenseur, je dois encore aussi travailler un peu les promenades et l’éloignement (mais on se balade à nouveau). Mais en attendant, je trouve ce changement pas mal du tout, et juste pas pensable il y a 2 ans.
Ah oui aussi, il y a 1 mois, nous sommes partis en vacances à 1000 km de chez nous ! Ça aussi, ça a été une très belle victoire !
Alors moi je dis, battez –vous ! Ce n’est pas évident d’affronter ses plus grosses peurs, mais je vous jure, ça marche ! Il m’a fallu plus d’un an de travail (le début est le + dur), mais aujourd’hui, je n’en reviens juste pas de tout ce que je peux faire sans stress ! Et je ne regrette pas une seconde de m'être lancée dans ce combat ! Je n’aurais pas cru qu’on pouvait se débarrasser définitivement de l’agoraphobie, mais aujourd’hui j’en suis 1000 fois convaincue !
Et qu’est-ce que c’est super de pouvoir aller au resto sans anticiper, sans avoir la nausée, sans avoir mal au ventre, sans avoir peur de se sentir mal, et de juste profiter du bon repas (j’adore manger en + :) ), du beau paysage, d’un beau moment en famille, avec les amis…
Je ne remercierai jamais assez DTA et spécialement Stanzie qui est à la base de tout ça ! Ce site est juste une mine d’informations et ce site est d’un soutien incroyable. Les modératrices sont généreuses et toujours là pour nous aider, les « collègues » agoraphobes nous soutiennent, et nous comprennent car vivent la même chose que nous, et Stanzie, Stanzie elle est toujours là pour te donner ce petit coup de pied aux fesses qui te fera avancer, te féliciter quand toi tu es déjà si fière de toi, et t’apporter tout son savoir. Et tout cela ça motive, ça aide à ne pas se laisser aller, à ne pas se plaindre et à avancer !
A vous maintenant de reprendre votre vie en main… Vous avez ici tout ce dont vous avez besoin pour y arriver…
Courage ça en vaut 1000 fois le coup !
Chab, septembre 2014
MISE À JOUR
L'élément déclencheur de mon agoraphobie a été une crise d'angoisse chez le coiffeur (en pleine colo) il y a 5 ans. J'ai beaucoup progressé mais je n'ai jamais osé retourner chez le coiffeur depuis (j'avais trouvé une coiffeuse à domicile).
Aujourd'hui, j'y suis retournée pour faire une coupe balayage. J'en avais au moins pour 2h :/ J'ai appréhendé le moment où elle allait commencé le balayage (après je me sens "coincée"). Je me suis dit, allez je ne risque rien et je serai tellement fière et contente après. Et puis je suis revenue de chez le coiffeur. 2h sur place et tout s'est très bien passé.
La boucle est bouclée :D
Chab, 18 Février 2017
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