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Le témoignage posthume de Zuzu qui nous a quitté suite à une rechute de cancer

Je suis ago depuis environ 25 ans c'est vous dire que ça ne date pas d'hier et que j'ai vécu pas mal d'instants pénibles.

Premiers symptômes : des vertiges en faisant le marché qui me font penser que je n'ai pas assez déjeuné, donc je m'achète un truc à manger et je continue mais cela ne s'arrange pas trop ; puis au cours du temps, de plus en plus de vertiges, en particulier dans le métro et dans la rue d'où consultations médicales.

D'abord mon médecin qui me donne du magnésium et me force à manger plus le matin (pas d'amélioration). Puis neurologue avec électroencéphalogramme et d'autres tests, (mon père étant mort d'une attaque cérébrale j'étais persuadée d'avoir quelque chose de ce côté), mais il ne trouve rien et prescrit magnésium et calcium. Ça n'arrange rien et même cela se détériore de plus en plus. Je fais des crises d'angoisses avec palpitations qui me font de plus en plus peur et j'évite de plus en plus le métro, le marché, la rue.

À cause des palpitations, je vais voir un cardiologue qui dit que je n'ai rien au coeur mais que je suis complètement folle (ça tombait à pic car c'est exactement ce que je commençais à penser!). Il devait penser que les symptômes que je lui décrivais n'étaient qu'imaginaires.

On m'a alors indiqué un autre médecin généraliste qui m'a prescrit des antidépresseurs et mise en congé (je suis prof) Résultat: incapable même de descendre l'escalier et je me suis mise à avoir des crises de panique et des vertiges même couchée dans mon lit!! Je n'ai donc pas continué cette expérience plus de 2 semaines et déjà c'était horrible.

Donc retour au boulot, et c'était plus difficile qu'avant cet arrêt. À cette époque, je ne pouvais pas ne pas sortir après chaque heure de cours pour aller me passer de l'eau sur la figure ou pleurer aux toilettes tellement j'étais épuisée de cette bataille contre cette panique qui me prenait et la certitude que j'allais mourir... - Et il paraît, d'après mon mari, que j'avais alors un teint gris, probablement causé par une mauvaise respiration.

J'ai à ce moment-là rencontré une femme qui est devenue une amie depuis et qui avait des symptômes analogues aux miens et qui elle en parlait car moi j'avais bien trop honte puisque je me considérais comme folle! Elle m'a conseillé d'aller voir un psychanalyste, d'où le début de psychanalyse. Les horaires étaient toujours choisis pour que ça m'arrange le moins possible (il faut faire des efforts pour guérir!), et j'y allais une puis deux puis trois fois par semaine car elle trouvait que ça n'avançait pas, avec raison, maintenant que je sais que la psychanalyse a 10% de réussite dans le traitement des phobies. Au bout d'un temps (sans résultat), j'ai craqué et je n'y suis plus allée.

Pour essayer de ne pas faire trop long, j'ai vu aussi un psy comportementaliste, mais qui voulait me faire faire des choses totalement hors de ma portée du genre un scandale au guichet du métro alors qu'il y a plein de monde derrière. J'ai essayé une psychothérapeute très gentille, mais passer une demi-heure avec une copine à discuter m'aurait fait le même effet, je pense, sauf que je n'aurais pas payé , l'homéopathie, l'acupuncture, bref, tout y est passé.

Pendant toutes ces années, j'ai quand même appris à mettre un nom sur ce que j'avais et j'ai compris que je n'allais pas en mourir, c'est déjà beaucoup et j'ai eu des moments où je me sentais mieux (en particulier quand j'étais enceinte de mon fils). D'autres moments épouvantables avec de nouveaux antidépresseurs qui m'ont fait le même effet que la première fois mais toujours pas de guérison en vue. En fait j'attendais un miracle, que tous mes symptômes disparaissent du jour au lendemain!!

Fin 1998, alors que je me sentais nettement mieux ( mais sûrement que mon corps savait qu'il devait se préparer à de grandes épreuves ? ) on me diagnostique un cancer du sein : l'horreur, j'avais pensé avoir plein de maladies mais celle-là non. Donc 2 opérations début 99 puis chimiothérapie et rayons (enfin tout quoi !) Pendant tout ce temps, je faisais des crises d'angoisse mais " motivées " et je n'avais plus de symptôme d'agoraphobie, je faisais des efforts pour continuer à sortir, à aller chez le coiffeur et j'ai repris le travail aussitôt que possible pour continuer à vivre malgré tout.

On m'a donné un médicament contre les hormones pour éviter les rechutes et pendant un an, tout a à peu près repris son cours ( même l'ago ! ).

Puis mes résultats sanguins de contrôle se sont mis à devenir de plus en plus mauvais d'où de nouveau des tas d'examens médicaux avec l'angoisse des résultats qui se faisaient attendre 2 ou 3 semaines. Les médecins voulaient trouver quelque chose, mais heureusement rien n'apparut, ils m'ont donc donné un autre médicament, qui me fatiguait beaucoup (mais qui heureusement a eu l'effet souhaité au fil du temps).

Donc, quand je suis arrivée sur le site, début novembre, j'étais très déprimée car la fatigue causée par ce médicament augmentait terriblement mon agoraphobie, j'étais incapable de faire trois pas dehors seule sans me tenir aux murs et quand je rentrais du lycée, épuisée, avec mon mari, c'était pour m'allonger. Du coup, je sortais le moins possible, mon mari faisait toutes les courses, m'accompagnait quand vraiment je devais sortir. Je me sentais vraiment un poids à la fois pour mon mari et mon fils qui devaient me supporter tout le temps et ils ne pouvaient pas faire ce qu'ils avaient envie car mon agoraphobie m'en empêchait.

Première surprise, me rendre compte qu'il y avait beaucoup de gens dans mon cas, et qu'ils pouvaient être de bonne humeur.

Deuxième surprise: Le témoignage de Stanzie qui montrait qu'on pouvait vraiment s'en sortir et les informations du site donnant de précieux conseils. Tout cela m'a permis de commencer à voir les choses autrement, à me sentir mieux dans ma peau, à penser de manière plus positive. Et enfin, la session de Stanzie, le dimanche soir! J'en ressortais pleine d'énergie et je m'appliquais à bien suivre les conseils et c'est formidable ça marchait! J'ai alors fait d'énormes progrès, je suis même sortie une fois après trois heures de cours en pensant que c'était vraiment trop facile.

Je dois dire que j'ai eu du mal après la fin de la session à me prendre en charge toute seule mais je pense y arriver maintenant, je fais des expositions très régulièrement et je sais les jours où j'ai plus de difficultés à sortir, ce n'est pas grave, c'est l'effort que je fais qui compte et qui m'aide à progresser.

J'ai une liste d'objectifs à atteindre et je sais qu'il me faudra environ un an, mais je ne suis pas pressée, je progresse à mon rythme et si je regarde six mois en arrière, que de changements déjà accomplis!

Je sais que j'y arriverai, car j'ai enfin eu les bons conseils, je regrette seulement de ne pas les avoirs eus plus tôt.


Zuzu


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