Comprendre pour avancer et s'envoler
Comprendre ce qui m'entoure, ce qui m'anime...
Ce désir a toujours été le mien ; je ne conçois pas les choses sans les comprendre dans un premier temps. Et je crois que c'est ce besoin incessant qui m'a permis de découvrir si vite ce dont je souffrais, de faire mienne mon agoraphobie et de commencer ma route vers le liberté.
Mon attaque de panique
Ce jour-là, le 1er juillet 2006, je devais aller signer les papiers pour la vente de l'appartement de mon grand père, dont je suis héritière.
J'ai vécu plusieurs deuils depuis mon adolescence, mes parents sont tous deux morts et j'ai mis beaucoup de temps à accepter leur départ. Ce n'est pas encore tout à fait fait d'ailleurs...
Au début de l'année 2006, j'ai perdu mes deux grands-pères et forte de mes années d'analyse, je me disais que cette fois, j'allais bien gérer les choses, que je n'allais pas mettre mon deuil de côté, que j'allais le vivre au mieux.
Et puis finalement... les choses m'ont rattrapée. À force de foncer tête baissée, de ne pas faire de place à ma souffrance depuis des années, à la fatigue qui s'accumulait, j'ai craqué.
Je sais aujourd'hui que mon corps m'a envoyé des signaux : j'avais mal au ventre depuis quinze jours, depuis quelques mois je commençais à avoir peur de prendre le train, le métro, je m'y sentais mal à l'aise. Mais je n'ai pas compris.
En me réveillant, j'ai su que ça n'allait pas. Je me suis mise à pleurer, mon coeur battait à tout rompre et cette sensation terrible d'être agressée par ce qui m'entourait, trop d'objets, de couleurs, de bruits. Mon appartement me faisait peur, je me voyais faire les choses de loin.
J'ai respiré, me suis raisonnée et j'ai demandé à mon oncle de m'accompagner pour cette signature car mon amoureux n'était pas là.
J'ai tenu je ne sais pas comment dans les embouteillages, éblouie par le soleil, saoûlée par les gens, avec cette peur vissée au ventre.
De retour chez moi j'ai dormi, pensant que le poids émotionnel de la signature m'avait causé ce malaise... mais il était toujours là à mon réveil, et j'ai cru que j'étais en train de devenir folle.
Je n'ai plus jamais fait d'attaque de panique, mais mon angoisse m'a tenu compagnie de nombreux mois.
Les premiers jours
J'avais peur, je ne savais pas ce qui m'arrivait. J'ai appelé des amis pour qu'ils se relaient auprès de moi, je ne voulais pas rester toute seule. Les parisiens étaient fous de joie, la France venait de remporter un beau match de coupe du monde, et moi j'étais dans ma coquille.
Malgré la fatigue et l'angoisse, j'ai tout de suite voulu savoir ce qui m'arrivait ; je me suis dit que je ne pouvais pas rester dans cet état, qu'il fallait que je sache, tout de suite.
C'est mon obsession pour la connaissance qui m'a sauvée en quelque sorte ! Car en surfant sur le net, je suis tombée sur DTA. Je n'ai pas tout de suite compris que je faisais de l'agoraphobie, mais ça m'a donné une piste, des premiers mots de réconfort...
Deux jours plus tard je suis allée chez mon médecin ; j'étais épuisée, l'angoisse m'avait grignotée sans s'arrêter. Il m'a prescrit des médicaments, m'a fait un arrêt de travail et m'a renvoyée dormir à la maison. Je dois dire que j'ai tout de suite été très entourée. Mon médecin m'a vue tous les deux jours pendant l'été 2006, mon psy a augmenté mes séances...
Ces premiers jours, j'ai donc surtout dormi. Mon ami est resté avec moi deux jours, et puis j'ai compris que refuser d'être seule chez moi était de l'évitement, ce qu'on m'avait expliqué sur le site. Il est donc reparti travailler et j'ai commencé ma vie avec l'ago.
Une course de fond
Je me suis rendue compte assez vite que mon atout était d'avoir rapidement mis le doigt sur ce dont je souffrais. J'avais la chance de connaître mon mal et d'avoir les moyens de le combattre.
Bien entendu, sur le moment, les choses ne m'ont pas paru si simples !
Je devais faire face à la peur vissée au ventre, aux obsessions que j'ai commencé à développer (peur des éblouissements, angoisses des choses non droites, peur des vertiges), à l'angoisse de ne pas réussir à m'en sortir. D'un côté, j'étais prête à mettre en place les techniques, de l'autre, je n'y croyais pas, persuadée que le sort s'acharnait.
Au départ, le moral était très bas ; je me forçais à faire des listes des choses que j'aimais, car je n'avais pas goût à grand-chose. Par contre, je me suis dès le départ forcée à sortir. Même en arrêtant pendant plusieurs semaines de prendre le métro et le bus, j'ai beaucoup marché dans Paris ; je suis aussi partie en vacances en train, pleurant beaucoup mais certaine que c'était la chose à faire.
À côté de ça, j'ai petit à petit mis en place les techniques: j'ai appris la respiration par le ventre, les points bleus, le changement des pensées... J'ai lu et relu la doc, je me suis procurée le livre La peur d'avoir peur, que j'ai trimballé dans mon sac un bon bout de temps. Toujours ce besoin de comprendre pour avancer et m'en sortir.
J'ai beaucoup participé au forum, y puisant réconfort et aide. J'ai aussi commencé la sophrologie et le yoga, pour aller encore plus loin dans ma détente.
Avec le recul, je me rends compte de tout cet arsenal que j'ai mis en place. Mais sur le moment, je n'arrivais pas à voir plus loin que l'heure suivante. Je perdais vite courage et il me fallait me raisonner longtemps pour y croire. Je n'en voyais pas le bout.
Au fil des jours, j'ai vécu quelques moments de répit. J'ai pu recommencer à lire, à regarder la télévision, à parler avec mes amis que je ne voyais plus depuis que l'ago avait pris sa place.
J'ai aussi fait des exercices de désensibilisation, pour apprendre à accepter les sensations physiques...
Après deux mois et demie d'arrêt, de repos et de combat contre l'ago, j'ai eu envie de reprendre le travail à la mi-septembre 2006.
Ne pas aller trop vite
Mon retour au travail à mi-temps a été une vraie joie. J'avais l'impression de revivre un peu, de retrouver mon ancien moi. Je me sentais mieux, mon job me permettait de penser à autre chose.
Mi-octobre, je me suis dite que je pouvais passer en 3/4 temps, en même temps que je commençais mon sevrage de médicament. Mais... j'ai voulu aller trop vite !
Trois jours après, je me suis effondrée... et me suis retrouvée en arrêt maladie, avec des angoisses à n'en plus finir ! Je me souviens du mail « rentre dedans » de Stanzie, qui m'a secoué les puces et remis les idées en place ! Mon retour d'angoisses était bien prévisible, il fallait aller plus doucement, se laisser le temps...
Je n'ai pas oublié ce conseil... et j'ai mis six mois à revenir en 3/4 temps, en avril 2007 !
Vers l'envol
Aujourd'hui, début mai 2007, je me sens de mieux en mieux. Depuis le mois de janvier, je n'ai pas ressenti de montée d'angoisse. Je suis en sevrage avancé de mes médicaments.
Je ne peux pas vraiment dater le moment où les périodes de bien-être ont pris la place sur les moments d'angoisse, mais c'est un fait : j'y suis arrivée ! Il y a quelques mois, j'enviais les membres du site qui s'en étaient sortis. Maintenant, je me dis que j'y suis presque.
Bien sûr, Max revient pointer le bout de son nez de temps en temps : changements de saison, grands événements de la vie. Mais je réussis à lui parler à chaque fois !
Les sensations physiques qui me faisaient si peur, petites ou grandes, ont repris leur dimension réelle : je ne m'inquiète plus d'avoir mal à la tête, de sentir mon coeur battre, d'avoir les oreilles qui bourdonnent... Je demande parfois à mon amoureux de me conforter dans mes impressions, mais beaucoup moins qu'avant !
Je peux sortir comme je veux, avec mes amis, sans aucune anticipation.
Je fais des projets et je viens juste de signer pour un appartement. Une façon d'avancer encore plus vers le mieux, vers l'avenir !
Dans cette aventure, car c'en est une, j'ai appris la patience, à me faire du bien, j'ai compris qu'il fallait que je m'écoute un peu plus. Il a fallu que je sois consciencieuse, disciplinée, pour arriver à m'en sortir un peu, puis beaucoup.
Je me suis aussi rendue compte que j'avais la chance inouïe d'être entourée d'un amoureux, d'amis, d'une famille formidables, qui m'ont toujours soutenue. Et que j'avais fait une rencontre déterminante : celle de DTA.
Un an plus tard...
Nous sommes au mois de mars 2008 et j'ai fini de prendre mes derniers médicaments il y a plusieurs semaines ! J'ai fait mon sevrage doucement, pas à pas, afin de ne sauter aucune étape.
Je suis aujourd'hui totalement libre, je vole même très haut ! Cela ne signifie pas que je n'ai plus du tout d'angoisse, mais que je sais écouter les signaux et m'arrêter pour souffler quand c'est le bon moment... ni trop tôt, ni trop tard ! Et j'ai appris à dire non quand c'était nécessaire.
Je continue sur la route, et elle me parait bien jolie vue d'en haut !
Amélie
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